Hirondelles de cheminée Salut et fraternité ! Une hirondelle, dit-on, ne fait pas le printemps. En tout cas, elles sont là nos hirondelles, depuis une quinzaine de jours déjà. Leur arrivée me donne l'occasion de vous parler d'elles, et de vous parler d'ailes. Dans une étable désaffectée de chez nous, aucune hirondelle n’avait jamais bâti de nid : pas la moindre trace de construction sur les solives. Cependant, j’avais observé que des hirondelles de cheminée voletaient dans cette étable mais sans y demeurer. En février 2003, je fixe sur une solive de cette étable un nid artificiel d’hirondelle de cheminée en béton léger. Rapidement, ce nid artificiel a été investi par des rouge-queue dont la couvée, soit dit en passant, a été engloutie par une couleuvre à collier, quelques jours avant l’envol. Placé par moi hors de portée des prédateurs, ce nid artificiel est alors devenu la propriété de troglodytes qui l'ont bourré de feuilles mortes avant d’y faire une couvée réussie. Pendant ce temps un couple d’hirondelles de cheminée, enfin elles! a construit son nid à quelques dizaines de centimètres du nid artificiel. Une couvée de quatre petits a pris son vol en juillet. Puis un autre couple a bâti son nid, très près du faux ; naîtront également quatre petits. Ces hirondelles de cheminé n'ont pas accroché leur demeure n'importe où. La base de l’un puis de l’autre nid a été façonnée autour d’un clou planté jadis dans la solive : une garantie de solidité. Intelligence de l'instinct. Je veux signaler aussi que la construction du nid a été menée à bien par très forte et longue sécheresse. Où les bâtisseuses se pourvoyaient-elles en boue ? Chaque printemps, les hirondelles reviennent couver dans l'étable. Le nid artificiel n'a pas encore été investi par elles et je doute fort qu'il le soit jamais. Je suis en principe hostile aux interventions humaines auprès des animaux. Elles offensent l’irréductible majesté de la vie sauvage. Pourtant je suis content de ce qui s’est passé chez nous : bien que sans preuves formelles, je peux admettre que la vue de ce nid artificiel a stimulé l’instinct de construction des oiseaux. Et aussi leur fréquentation car les hirondelles de cheminée sont de plus en plus nombreuses à faire des arabesques en criant au dessus des toits des Denisières. Un bonheur pour nous ! Je veux conclure mon histoire en avouant que désormais en octobre, après le départ des migrateurs je regarde les nids désertés avec une mélancolie mêlée de curiosité. Où mes voyageuses sont-elles en ce moment ? Les hommes, mes frères aux pays desquels elles séjournent, sont-ils forcés aux douloureuses migrations où le désordre organisé du monde jette tant de victimes ? Quand, vers le sud à l'automne, vers le nord au printemps, des vagues d’oies sauvages traversent les nuages en cancanant au dessus des Denisières, quasi religieuse est ma contemplation. La signification de ces migrations dans l'ordre jusqu'à présent immuable mais menacé de l'univers dépasse, et de beaucoup, mon entendement. Mon émotion, par contre, les met en accord avec l'idée que je me fais de mon propre voyage. On nous dit qu'un jour l'humanité naviguera dans les étoiles. Peut-être, mais se passionner ici et maintenant pour le sort d'une couvée d'hirondelles, donner pour une si belle cause un peu de ce temps trop souvent gaspillé à des riens, est-ce folie et futilité ? Dites-moi. A la prochaine. Bizoux. Tchao
François Beaugey
Mots-clés : François Beaugey, LPO
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HirondellesCommentairesJe donnerais....
Je donnerais cher pour m'asseoir de nouveau, ne serait-ce qu'une minute, sur le perron de notre ancienne maison à Poille, un soir d'été à la fraîche.
← Re: Je donnerais....
Merci pour le Coucou!
← Re: Je donnerais....
Le progrès . la croissance, la consommation ... la recherche du mieux, du plus, contre l'ennui inhérent à cette perte de repères...
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