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 En quittant Avignon...

par Gérard Galpin ©

 

En quittant Avignon, on traverse une sorte de plaine brulée par l’été qui ne présente pas beaucoup d’intérêt. Aux abords d’Uzès, la géographie change avec quelques mamelons annonciateurs des Cévennes ; on croise le Pont du Gard enfermé dans un domaine sans ouverture mais qui a sans doute la fonction de protection mais aussi de tarification. Je me souviens y être allé voilà de longues années, en ressentant l’impression de grandeur et de beauté esthétique. Aujourd’hui, le domaine semble réservé aux cars de touristes chinois.
 
 
 
La route s’allonge et mène vers Alès, Capitale des mineurs de minerai de fer, aux mains du PC pendant des décennies et qui en porte encore les stigmates dans ses entrailles. Puis, vient cette combe qui monte inlassablement vers la Lozère ; une route tailladée dans la roche bordée de précipices et de pièces d’eau enfermée dans la montagne. Les couleurs s’animent progressivement entre les hêtraies et les chênaies, à cette époque, enflammées par les rayons du soleil d’automne.

 
 
Le mont Lozère est en vue ; région désertée par ses habitants. Pont de Mauvert, lieu historique de la révolte des camisards qui ne compte aujourd’hui que trois cents âmes. Le village est partagé en deux, d’un côté le temple, de l’autre, l’église. Pays décharné par les guerres de religion ; pays endurci par un climat implacable l’hiver ; maisons de berger plantées dans leur solitude ; vaches de Salers, brunes comme des espagnoles ; vallées écornées par le Tarn entre les cascades ; maisons en pierre de granit dévalées de la montagne, toits en lauzes qui pétrifient la lumière du soleil.

 
 
Le père aubergiste (peraub pour les connaisseurs) est incongru et quelque peu décalé ; pas un sourire, à peine un mot de bienvenue. Il exécute mécaniquement son métier sans mot dire, ne comprend pas trop ceux qui ont l’accent pointu en maugréant dans sa barbe des mots connus que de lui seul. Des randonneurs de tous les pays se sont donné le mot pour Pont de Mauvert. Ici, c’est le pays des randonneurs ; on rentre exténués d’une marche sur les pas de Stevenson, et après la soupe aux légumes, on dort en chambrée pour se retrouver le matin en tablée, les cheveux en épis, les visages défaits mais heureux et les yeux hagards devant un café qui n’en porte que le nom. Ici, la modernité n’a pas lieu d’être ; le temps semble suspendu aux roulements du Tarn.

 
Sur le pont unique du village, le clocher sonne les heures avec un bruit de cloche fêlée. Les chasseurs se sont donnés rendez vous sur l’unique terrasse du village avant d’enjamber fièrement leurs quatre quatre japonais. Mais l’honneur est sauf, la chasse est un acte écologique. La bonne odeur de la poudre !
 
 
 
Sur le plateau de Lozère, en route vers le pays de l’Aubrac, on aperçoit des pierres levées, menhirs d’outre tombe qui encadrent la route et qui rendent un instant un peu d’humanité aux paysages d’antan.


 
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